La suspension de MaPrimeRénov’ cet été suscite de fortes inquiétudes dans le secteur du bâtiment. Les professionnels alertent sur les conséquences d’un arrêt brutal des aides aux travaux isolés, pourtant essentiels pour des milliers d’artisans.
Le gouvernement a confirmé la suspension temporaire du dispositif MaPrimeRénov’ à partir du 1er juillet 2025. En cause : une forte hausse des demandes et un risque grandissant de fraudes. Au premier trimestre, le nombre de logements rénovés avec cette aide a triplé par rapport à 2024, provoquant une surcharge des services instructeurs. Le délai moyen de traitement est passé de 70 à 100 jours. Par ailleurs, 16 000 dossiers sont actuellement jugés « suspicieux », soit 12 % du stock, selon les autorités.
Face à cette situation, le gouvernement a préféré mettre en pause le dispositif pour reprendre la main, promettant un redémarrage « avant la fin de l’année ».
Pour les acteurs du secteur, cette décision tombe au pire moment. L’Afpac (Association française pour les pompes à chaleur) et Enerplan (syndicat de l’énergie solaire) demandent le maintien du parcours mono-geste, qui concerne les travaux isolés comme le remplacement d’une chaudière ou le changement de fenêtres.
Ils estiment que ces interventions simples sont bien encadrées, peu concernées par les fraudes et indispensables pour l’activité des artisans. Selon eux, suspendre ce type de travaux, c’est fragiliser une filière déjà sous pression et priver les ménages d’un moyen efficace pour réduire leurs factures.
Les réactions se multiplient dans le secteur du bâtiment. La Fédération Française du Bâtiment (FFB), la Capeb (artisans du bâtiment) et le collectif Rénovons dénoncent une politique de « stop-and-go » qui empêche toute visibilité à moyen terme. Pour les entreprises, ces changements soudains désorganisent les plannings, mettent en péril les trésoreries et découragent les clients.
Ils rappellent que les travaux par geste sont souvent la porte d’entrée dans un parcours de rénovation plus global. Les supprimer temporairement, c’est casser une dynamique positive et affaiblir la confiance déjà fragile des ménages dans les dispositifs publics.
Ce gel des aides intervient alors même que la production d’électricité renouvelable en France a atteint un niveau record. En 2024, un tiers de l’électricité consommée était d’origine renouvelable, portée par l’hydraulique, le solaire et l’éolien. La transition est bien en marche, mais elle repose aussi sur la rénovation des logements, un levier indispensable pour réduire les consommations.
Suspendre MaPrimeRénov’, même temporairement, envoie un message contradictoire. Le gouvernement dit vouloir lutter contre la fraude et réorganiser le dispositif. Mais pour les professionnels, il est urgent de garantir un minimum de continuité, notamment pour les gestes simples. Ils appellent à une réforme claire, construite avec les acteurs de terrain, pour que la rénovation énergétique reste un objectif concret et atteignable.
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