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Canicule 2025 : EDF alerte sur les risques de réduction de production nucléaire face à la chaleur extrême

June 2025
3 min

Face à la vague de chaleur qui affecte plusieurs régions françaises, EDF a lancé des alertes concernant de possibles baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires. Les fortes températures réduisent en effet la capacité des réacteurs à se refroidir correctement, car les cours d’eau utilisés pour la régulation thermique s’échauffent. Cette problématique, liée au réchauffement climatique, soulève des questions sur la résilience du parc nucléaire français.

Des centrales sous pression face à la canicule
EDF a annoncé des risques de réduction de production à partir du 1er juillet, notamment pour les centrales de Saint-Alban (Isère), refroidie par le Rhône, et de Golfech (Tarn-et-Garonne), qui utilise les eaux de la Garonne. Ces situations sont suivies quotidiennement, et les décisions de restriction seront confirmées en fonction de l’évolution des conditions hydrologiques.
La vigilance orange canicule, maintenue sur plusieurs départements, a déjà conduit à une alerte sur la centrale du Bugey (Ain), sans toutefois nécessiter de baisse effective de production.

Des limites environnementales strictes à respecter
Le refroidissement des centrales nucléaires repose sur le prélèvement d’eau dans les fleuves ou la mer, qui est ensuite rejetée à une température légèrement plus élevée. Pour préserver les écosystèmes aquatiques, la réglementation impose des seuils précis sur la température et le débit des eaux rejetées. Si ces seuils sont dépassés, EDF doit réduire voire arrêter temporairement certains réacteurs. Ces mesures visent à limiter l’impact environnemental tout en garantissant la sécurité.
Sur le plan annuel, les pertes de production liées aux épisodes de forte chaleur restent modestes, autour de 0,3 % de la production nucléaire totale depuis les années 2000. Toutefois, ponctuellement, ces baisses peuvent être importantes : lors de la canicule de 2003, elles avaient atteint plus de 6 GW, soit près de 10 % de la puissance installée.
Le rapport 2023 de la Cour des comptes sur l’adaptation du parc nucléaire au changement climatique souligne que, bien que limitées, ces pertes simultanées sur plusieurs sites réduisent la flexibilité du système électrique national.

Une adaptation nécessaire face au changement climatique
Ces épisodes caniculaires, autrefois rares, sont désormais plus fréquents. EDF doit anticiper ces risques dès le début de l’été, avec des marges de manœuvre de plus en plus étroites. Pour garantir l’approvisionnement électrique, il est parfois nécessaire de recourir à d’autres moyens de production, à des importations d’électricité ou à des mesures de modulation de la demande.
Les centrales en bord de mer, moins contraintes par le chauffage des cours d’eau, jouent un rôle stratégique croissant en période de canicule. À plus long terme, la modernisation du parc devra intégrer les enjeux climatiques : adaptation des seuils environnementaux, diversification des systèmes de refroidissement et meilleure anticipation des événements extrêmes.