Analyse du marché

UE veut se passer du gaz russe d’ici 2027 : enjeux, étapes et conséquences

June 2025
3 min

Face à sa dépendance persistante envers le gaz russe, la Commission européenne a dévoilé le 17 juin 2025 une feuille de route ambitieuse visant à interdire progressivement les importations de gaz (pipeline + GNL) d’ici fin 2027, en s'appuyant sur l’architecture juridique du marché unique REPowerEU.

Première étape : à partir du 1er janvier 2026, la signature de nouveaux contrats sera interdite. Ensuite, les contrats spot ou à court terme seront supprimés d’ici au 17 juin 2026, sauf pour les pays enclavés via des contrats liés . Enfin, les contrats long terme devront être résiliés d’ici fin 2027 (pipeline/GNL) . Un usage encadré du force majeure est prévu pour éviter les contentieux .

Pour assurer une adoption rapide, la Commission mise sur une procédure par majorité qualifiée, contournant ainsi le veto possible de la Hongrie ou de la Slovaquie. Ce cadre fournit aux entreprises une sécurité juridique pour rompre leurs contrats.

Obligations nationales et traçabilité

Chaque État membre devra soumettre un plan national de diversification avant le 1er mars 2026, détaillant les alternatives (infrastructures, fournisseurs, interconnexions) .Un système européen de traçabilité du gaz sera mis en place, afin de garantir la conformité et détecter toute tentative de contournement .

Par ailleurs, la Commission prévoit également de bloquer les contrats liés au GNL russe dès le 1er janvier 2028, en interdisant l’accès aux terminaux pour clients ou entités russes.En 2024, la Russie représentait environ 19 % des importations de GNL de l’Union .

Gaz russe : déjà en baisse, mais encore présent

Depuis 2021, la part du gaz russe dans les importations européennes a chuté de 45 % à environ 19 % en 2024, grâce au recours accru au GNL et à la baisse de la consommation .Toutefois, un rapport d’Ember indique que les importations de GNL russe ont augmenté de 18 % en 2024, soulignant une dépendance toujours non négligeable.

La transition vers une Europe sans gaz russe se heurte à plusieurs défis :

  • Infrastructures inégales : certains pays manquent de terminaux GNL ou d’interconnexions suffisantes .
  • Sécurité des approvisionnements : l’arrêt trop rapide pourrait faire grimper les prix et pénaliser consommateurs et entreprises.
  • Solidarité européenne essentielle : diversifier les sources, soutenir les pays les plus exposés (Hongrie, Slovaquie) et intégrer le nucléaire et le pétrole russe au plan pour 2027.

Une décision géopolitique stratégique

Plus qu’un geste écologique, cette rupture marque une volonté d’autonomie politique et énergétique, visant à réduire l’influence de Moscou. Le succès du plan dépendra de la coopération des États membres, d’investissements rapides dans les infrastructures et d'une vigilance permanente sur les marchés.